Paroisse Notre-Dame de l'Eau Vive

Homélie de Mgr Jean-Charles Dufour du 20 avril 2014


Dimanche de Pâques

La fête du grand passage! C’est ça que ça veut dire Pâques! Passage, passage du peuple hébreu de l’esclavage à la liberté, et aujourd’hui, le passage du Christ de la mort à la vie, de celui qui veut nous faire passer de la mort à la vie, avec lui.

Des passages, nous en vivons beaucoup pendant notre existence : le passage de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à l’âge adulte;  le passage d’une vie de célibataire à la vie conjugale ou religieuse;   le passage d’une vie active à la retraite;  puis, au terme de notre vie, notre passage vers la Maison du Père, vers la Vie définitive. Chaque fois que nous vivons un de ces passages, nous devons mourir à quelque chose pour passer à quelque chose de nouveau. 

Célébrer la Pâques du Christ, c’est saisir que nous passons à une vie nouvelle avec lui, que nous passons avec lui du pays de la servitude à la liberté, de la mort à la vie. Tantôt, nous allons célébrer le baptême de Micheline et de ses enfants, Maryline et Marc.   En demandant le baptême, ils décident de passer à une vie nouvelle, une vie qui n’aura plus de fin, en prenant racine dans la vie du ressuscité, en croyant comme nous que, désormais, rien ne pourra les séparer de l’amour de Dieu. 

Les quatre évangiles nous disent que ce sont des femmes qui furent les premières, témoins de la résurrection du Christ. On peut se demander pourquoi. Il faut comprendre qu’elles sont restées jusqu’au bout au pied de la croix alors que les apôtres s’étaient enfuis au moment de la passion.

Au petit matin de Pâques, Marie-Madeleine désemparée va prévenir les apôtres que le tombeau de Jésus est vide. Pierre et Jean courent à leur tour et quand ils arrivent sur les lieux, ils constatent la même chose. Pierre regarde, mais ne comprend rien.   Comme lui, il peut nous arriver, surtout quand nous sommes accablés par le malheur, de ne pas reconnaître le Christ ressuscité.

Jean a une tout autre réaction : il voit et il croit. Pourquoi croit-il? On sait qu’il avait un lien privilégié avec Jésus, le disciple que Jésus aimait, nous dit l’évangile, le seul des apôtres qui était là au pied de la croix. C’est l’amour qui le lie à Jésus qui le fait courir plus vite. C’est l’amour qui l’amène à croire à la bonne nouvelle de Jésus ressuscité.

Il me semble que c’est à retenir pour nous! On voit comment l’amour peut stimuler notre foi. L’important, c’est bien moins de parler de Jésus et bien plus d’avoir une vraie relation d’amour avec celui qui nous aime, qui se préoccupe de ce que nous vivons, qui ne cesse de nous appeler à partager sa victoire sur la mort et le péché.

Pour Pierre, c’est bien différent. Il lui faudra plusieurs rencontres personnelles avec le Christ ressuscité pour passer du doute à la foi, de la peur à l’audace. Il deviendra un témoin audacieux de la victoire de Jésus et proclamera « Nous avons mangé et bu avec lui ». Et plus tard, après la Pentecôte, le souffle de l’Esprit Saint va le pousser, lui et les autres apôtres à passer des lieux où ils s’enfermaient pour aller proclamer la bonne nouvelle du Salut, partout dans le monde.

Grâce à eux, cette bonne nouvelle, transmise de génération et génération, est parvenue jusqu’à nous.   C’est à notre tour de dire notre foi en Jésus ressuscité et de transmettre le flambeau aux générations à venir. C’est vrai que ce n’est pas facile parce que nous vivons dans un monde imprégné par l’incroyance et l’indifférence. Disons-nous que ce n’était pas plus facile pour les premiers témoins!   Demandons à l’Esprit Saint de faire dans notre cœur ce qu’il a fait pour les premiers témoins, de nous donner d’annoncer l’évangile aux hommes et aux femmes de notre temps.

Cette fête de Pâques va durer 50 jours! Nous aurons l’occasion, comme Pierre, de multiplier nos rencontres avec le ressuscité pour laisser mourir ce qui doit mourir et d’appeler à la vie ce qui doit vivre.   Le ressuscité du matin de Pâques nous appelle à choisir la vie et à nous laisser envahir par l’amour de Dieu, de telle sorte qu’on puisse faire reculer la guerre, la violence, la haine, le mépris des autres.

St Augustin disait : « Sur la croix, le Christ est mort, ou plutôt, c’est la mort qui est morte en lui. » 

Je vous souhaite une belle fête de Pâques.