Paroisse Notre-Dame de l'Eau Vive

Homélie de Mgr Jean-Charles Dufour du 14 octobre 2012


28e dimanche ordinaire

On ressemble beaucoup à cet homme bon qui vient rencontrer Jésus.  Il vénère Jésus, nous aussi ce matin.   Il reconnaît sa bonté, nous aussi. Il voit en lui un maître de la Parole, nous aussi.  Il cherche à être fidèle à la manière de vivre de Jésus en observant les commandements, nous aussi. Sa question nous révèle qu’il veut aller plus loin, nous aussi. 

« Jésus se mit à l’aimer » nous dit saint Marc.  C’est sur nous que Jésus pose son regard ce matin et qu’il se prend à aimer.  « Aimer », un petit tout simple mais qui nous renvoie à un mystère profond,  c'est-à-dire à « cette alliance nouvelle et éternelle » proclamée par Jésus à son dernier repas.

Dieu aime l’humanité!  Et depuis toujours, d’alliance en alliance, il s’engage à la faire vivre et pas à peu près.  Jeudi dernier, lors de la fête patronale, Mgr a inauguré l’année de la foi et le 50e anniversaire du diocèse en mettant cette année sous le signe de cette alliance toujours à à découvrir, à vivre entre nous, à annoncer et à faire vivre dans notre monde.  Une alliance, c’est en engagement, un contrat. Dieu s’engage à aimer l’humanité.  Il y a alliance quand nous lui répondons, quand nous cherchons à aimer et à semer la vie autour de nous, comme lui.

On ne pourra jamais comprendre l’évangile de ce matin en dehors de l’amour de Dieu et de son engagement à faire vivre l’humanité.  On le voyait dans l’évangile.  Jésus qui aime l’homme riche et veut le faire vivre pleinement lui dit :  «Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens, et suis-moi ». Comment cette parole de Jésus vient-elle nous rejoindre ?

On voit bien dans l’évangile que Jésus ne condamne pas l’usage de l’argent, lui-même en avait besoin. Les saintes femmes pourvoyaient à ses besoins. Les apôtres avaient une caisse commune gérée par Judas.  Marie, la sœur de Marthe et de Lazare n’hésite pas à « gaspiller » pour son ami un parfum que Judas évaluait à 300 deniers, une fortune.  Jésus ne refuse pas des invitations à dîner de la part de riches pharisiens et de riches publicains.

Jésus nous dit aussi, à maintes reprises, que l’argent peut être mauvais. Pour donner un seul exemple, il raconte l’histoire de cet homme riche qui fait la fête tous les jours et il le condamne parce que ses possessions l’ont rendu aveugle aux souffrances du pauvre Lazare qui se mourrait à sa porte. 

Cette réalisé, on la voit dans notre monde.  Au nom de l’argent, on déplace des entreprises dans des pays où ça coûte moins cher ;  on sacrifie des vies humaines, on oblige des enfants à travailler comme des esclaves, on refuse de payer un salaire décent aux travailleurs du Tiers-Monde.  Ces derniers jours, la commission Charbonneau nous en a fait voir de toutes les couleurs.  L'argent devient un obstacle quand il nous rend esclaves, quand il apporte le goût de la puissance, un désir de domination.   Ces quelques exemples nous montrent comment l’argent peut détruire la vie, une vie bien différente de celle que le Dieu de l’Alliance nous engage à semer autour de nous.

La question de l’homme riche à Jésus nous fait comprendre qu’il veut aller plus loin et trouver une vie toujours plus grande.  Il voit en Jésus quelqu’un qui peut lui donner la vie de Dieu, mais il ne comprend pas qu’il doit renoncer à son argent.  Quand on veut trouver la vie de Dieu, il faut toujours renoncer à quelque chose.  On le voit chez les apôtres :  Pierre et André laissent leur filet;  Jacques et Jean quittent leur père et les autres salariés; Mathieu abandonne sa table d’impôt.   Pour trouver cette vie, l’homme riche doit se détacher de ses richesses.  Nous, pour trouver cette vie,  il faut peut-être oublier nos titres et nos réussites,  changer notre manière de traiter les autres, corriger notre manque de générosité, notre égoïsme et notre paresse, et on pourrait continuer. 

Puis, viens et suis-moi! », dit Jésus à l’homme riche.  Il l’invite à entrer en communion avec lui, dans cette alliance    Nouvelle et éternelle qu’il est venu établir.   C’est l’invitation qu’il nous fait à nous aussi aujourd’hui!  Dans sa lettre pastorale au début de l’année, Mgr nous dit :  « Ce Dieu de l’alliance, nous voulons le célébrer et l’annoncer :  le célébrer par nos chants, nos prières, nos liturgies et nos rassemblements;  l’annoncer par nos actes et nos engagements, par nos paroles et nos témoignages. » Très concrètement, il ajoute : « Nos paroisses ne peuvent vivre sans s’ouvrir à des alliances avec les communautés …qui tissent la vie de l’Église ». 

La question de l’homme riche indique qu’il veut aller plus loin.  Posons la même question que lui à Jésus.  Qu’est-ce que nous pouvons faire pour entrer vraiment dans ce mystère d’alliance que Jésus a établi?

Poursuivons notre prière.