Paroisse Notre-Dame de l'Eau Vive

Homélie de Mgr Jean-Charles Dufour du 15 juillet 2012


15e dimanche ordinaire

Vous avez remarqué que Jésus demande à ses disciples de n’apporter qu’un bâton, sans rien d’autre,  pas de moyens matériels, pas de techniques pastorales ou de méthodes spirituelles. J’aurais dû vous demander d’apporter votre bâton de marche, parce que, comme les disciples, nous en avons besoin pour la mission que Jésus nous confie, celle de transmettre la foi autour de nous.   Le bâton, c’est un mot qui a l’air de rien mais qui revient 62 fois dans la bible. Et il a une haute valeur symbolique. 

Les personnes âgées ou handicapées ont besoin d’un bâton comme appui, comme aide pour marcher.  En certains endroits,  si vous voulez entreprendre une marche exigeante, on offre de vous louer ou d’acheter un bâton de marche pour faciliter vos efforts, pour vous permettre de garder l’équilibre, de protéger vos genoux.  Déjà on peut se poser une question : quel est notre meilleur bâton, notre meilleur appui pour entreprendre la mission que Jésus nous confie?

Il n’y a pas de doutes !  Notre meilleur appui, c’est le Bon Dieu lui-même et toute la confiance qu’on met en lui.  La foi n’est pas facile à transmettre d’autant plus qu’on ne peut la proposer qu’avec nos dons, nos limites, nos intuitions, nos hésitations.  Vraiment, nous avons besoin de nous agripper bien solidement à notre bâton notre marche, à notre Dieu, parce que, nous savons très bien qu’il est le seul à pouvoir changer le cœur se ceux ou celles à qui nous parlons de notre foi.

Dans l’histoire de Moïse, on trouve un deuxième sens au bâton.  Avec son bâton, Moïse sépare la mer rouge en deux ;  avec son bâton, il frappe le rocher dans le désert pour faire jaillir de l’eau, il provoque les dix plaies d’Égypte. Il change son bâton en serpent pour intimider Pharaon. Chaque fois, les gens étaient placés devant quelque chose qui leur paraissait impossible. Le bâton de Moïse exprimait toute la puissance de Dieu, la foi en l’impossible. Croire à l’impossible de notre mission ;  c’est croire que nos mots, notre exemple et notre vie finiront

 

bien par toucher nos proches.  C’est croire à l’impossible dans nos projets pastoraux, nos initiatives pastorales pour toucher nos contemporains.

Le bâton peut encore avoir un autre sens.  On peut s’en servir pour donner des coups aux autres, pour forcer les autres à faire ce qu’on veut qu’ils fassent.  Dans notre monde, on voit des attentats, du terrorisme, des guerres qu’on qualifie de saintes, des violences de toute sorte, autant de bâtons pour amener les gens dans une même religion.  On s’en est servi au cours de notre propre histoire et on s’est bien rendu compte qu’on ne peut obliger la foi à coups de bâton, par la menace, la peur de l’enfer, qu’on ne peut transmettre la foi par la force.

« Ton bâton me guide et me rassure », chante le psalmiste. Prenons donc le bâton du berger qui guide ses brebis et leur permet d’avancer sur le bon chemin.  Encourageons, motivons, stimulons ceux et celles qui sont généreux, honnêtes, droits, solidaires, courageux, travailleurs dévoués, tous ceux et celles qui font une recherche spirituelle.

Le bâton, on peut encore s’en servir pour combattre.  Dans certains arts martiaux, on voit les protagonistes utiliser un bâton pour combattre en cherchant la victoire. Quand Jésus envoie ses disciples en mission en n’apportant qu’un bâton,  je pense qu’il leur dit : « Ne vous faites pas d’illusions, la mission, ce n’est pas une partie de plaisir, c’est un combat ! Partez donc avec courage et énergie ;  partez sans peur des coups ni des souffrances;  partez en cherchant la victoire. Partez avec l’assurance de vaincre parce que le Dieu de l’impossible est avec vous. Il vaincra et gagnera.  Son amour ne peut que gagner et triompher.

Prenons donc le bâton des apôtres pour transmettre la foi autour de nous,  en faisant une confiance totale à Dieu, en croyant à l’impossible, en ayant une vision positive de ceux et celles à qui nous voulons la transmettre, et notre Dieu sera vainqueur.

Poursuivons notre prière.