Ça
fait longtemps que je ne vous ai pas raconté une petite
histoire !
« Il
y avait une fois deux frères !
L’un était célibataire et l’autre marié !
ils possédaient
une ferme dont le sol fertile produisait du grain en
abondance. Un moitié du grain allait à l’un des frères et
une moitié à l’autre.
Au début, tout allait bien.
Puis, de temps à autre, celui qui était marié commença
à s’éveiller en sursaut au cours de la nuit et à penser :
« C’est pas juste.
Mon frère n’est pas marié et il reçoit la moitié
du produit de la ferme. Moi,
j’ai une femme et cinq enfants, et j’ai toute la sécurité
dont j’ai besoin pour mes vieux jours.
Mais qui prendra soin de mon pauvre frère, quand il
vieillira? Il lui
faut épargner pour l’avenir beaucoup plus qu’il ne le
fait actuellement. Ses
besoins sont manifestement plus grands que les miens. »
Sur
ces pensées, il sortait du lit, se glissait furtivement chez
son frère et déposait un plein sac de grain dans la réserve
de celui-ci
Le
célibataire commença lui aussi à subir des attaques
nocturnes semblables. De
temps à autre, il était tiré de son sommeil et se disait à
lui même : « C’est
tout simplement pas juste.
Mon frère a une femme et cinq enfants et il reçoit la
moitié du produit de la terre.
Moi, je n’ai que moi-même à soutenir.
Alors, est-il juste que mon pauvre frère, dont les
besoins sont manifestement plus grands que les miens, reçoive
exactement la même chose que moi? »
Puis, il quittait son lit et déposait un plein sac de
grain dans la réserve de son frère.
Un
jour, ils se levèrent du lit en même temps et se retrouvèrent
face à face, un sac de grain sur le dos.
Nombre
d’années plus tard, après la mort des deux frères,
l’histoire se fit jour.
Aussi, quand les gens de cette ville voulurent
construire une église, ils choisirent l’endroit où les
deux frères s’étaient rencontrés, parce qu’ils ne
pouvaient pas imaginer un endroit plus saint que celui-là. »
C’est
le contraire de l’Évangile de dimanche dernier qui nous
racontait la parabole de l’enfant prodigue.
Il y avait deux frères aussi !
Le plus jeune qui demande sa part d’héritage avant
le temps… On ne
peut pas dire que c’est l’amour qui dominait dans son
cœur. Demander
sa part d’héritage avant le temps !
aussi bien
dire à son père : « J’aimerais
autant que tu sois déjà mort ! »
Mais « le père fit le partage de ses biens ».
Et puis, à la fin de l’évangile, on a vu le plus
vieux plein de
ressentiment et de rancune !
et le Père de lui répondre :
« Toi, tu es toujours avec moi… et tout ce qui
est à moi est à toi. »
Même sens du partage !
On
ne peut pas dire que les deux frères de l’évangile avaient
le sens du partage !
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Mais,
on peut dire de ceux de mon histoire qu’ils avaient un cœur
semblable à celui du père de l’évangile.
Il
est bien clair que Jésus nous invite au partage !
Déjà, le mercredi des cendres,
il nous invitait à prier, à jeûner, à partager,
pas pour se faire remarquer des autres, mais en secret.
Et aujourd’hui, en ce 5e dimanche du Carême,
comme à chaque année,
nous sommes invités
à poser un geste de partage dans le cadre de la
campagne de Développement et Paix, en faveur de nos frères
et sœurs du Tiers-Monde.
Tantôt,
dans la 1e lecture, Dieu disait, par la bouche
d’Isaïe : « Voici
que je fais un monde nouveau…
je vais faire passer une route dans le désert…
j’aurai fait couler de l’eau pour désaltérer mon
peuple. C’est
ça le sens de notre geste de partage :
actualiser la Parole de Dieu,
contribuer à construire un monde nouveau !
Dans
la 2e lecture,
St-Paul nous disait :
« J’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus…
et un peu plus loin « mais, moi, je ne pense pas
l’avoir déjà saisi…
je cours vers le but… »
Notre geste de partage veut traduire le fait que nous
avons été saisi par le Christ,
par son Évangile,
que nous sommes encore en marche,
et que nous courons pour le saisir encore plus nous
aussi.
A
la fin de ma petite histoire, on disait « quand les
gens de cette ville voulurent construire une église, ils
choisirent l’endroit où les deux frères s’étaient
rencontrés, parce qu’ils ne pouvaient pas imaginer un
endroit plus saint que celui-là. »
Par notre geste de partage, nous pouvons signifier
qu’il y a ici une vrai Église,
pas une église avec un petit « e »,
mais une vraie communauté qui donne un témoignage
de sainteté.
Dans
l’Évangile, on dit deux fois que Jésus traçait des
traits sur le sol pendant qu’on cherchait à accuser une
femme et qu’on
insistait pour l’interroger.
En racontant ce fait,
quelqu’un disait que le vent qui soufflait sur le
sable avait effacé la plus belle lettre d’amour qui
n’ait jamais été écrite !
Conscient de l’amour de Dieu pour chacun et chacune
d’entre nous, nous
sommes invités à notre tour,
à faire en sorte que notre geste de partage soit
comme une belle lettre d’amour aux démunis du
Tiers-Monde.
Nous
sommes là pour célébrer l’eucharistie.
« Jésus prit du pain,
il le rompit et le leur donna…
il prit la coupe et la donna à ses disciples. »
Deux gestes de partage.
Derrière le pain et le vin,
nous comprenons que c’est sa vie que Jésus
partage, c’est
toute sa personne qu’il donne pour nous faire vivre.
Que notre geste de partage
manifeste concrètement le partage de Jésus,
qu’il soit un signe de l’Eucharistie que nous célébrons
ensemble.
J’invite
Rachel à venir vous dire quelques mots.
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