Paroisse Notre-Dame de l'Eau Vive

Homélie de Mgr Jean-Charles Dufour du 25 décembre 2009


Noël

Tous nos regards, ce soir, sont centrés sur un enfant, celui que l’ange avait annoncé à Marie en lui disant que son fils serait « Grand, appelé le Fils du Très-Haut, qu’il recevrait le trône de David. » 

Dieu  a choisi de venir au monde comme un enfant.  C’est très parlant!  On attendait  un libérateur fort et puissant, un guerrier redoutable qui se manifesterait avec éclat, mais Dieu  a choisi de venir au monde comme un enfant.  On annonçait qu'il allait être une grande lumière qui brillerait dans les ténèbres,  mais il vient au monde pendant la nuit,  dans un pauvre petit village perdu.

Dieu a choisi de venir au monde comme un enfant.  Un enfant, c’est  vulnérable, exposé aux temps durs de la vie. On le voit dans l’enfant  de Bethléem, aussitôt né qu’il est recherché par la police.  Dieu se fait connaître à nous d’abord comme quelqu’un de bien fragile.  Un enfant, ça demande de la douceur, de la patience, de la bonté, de l’amour.  En venant au monde comme un enfant, Dieu choisit de se confier à notre tendresse.  Il choisit de nous faire confiance, de croire qu’on peut l’aimer, de lui dire,  en cette nuit de Noël « Tu sais bien que je t’aime. »

Dieu a choisi de venir au monde comme un enfant. L’Ange l’annonce aux bergers :  "Il vous est né aujourd'hui un sauveur qui est le Christ, votre Seigneur".  Toute une révélation : « Sauveur, Christ, Seigneur »!  Bien sûr, les bergers sont étonnés, et même s’ils se trouvent en face du Très-Haut, ils n’ont pas peur parce qu’ils voient  un petit enfant couché dans une mangeoire.  C’est ça que la fête de Noël vient nous dire : Dieu s’approche de nous comme un petit enfant pour qu’on n’ait pas peur de lui quand il s’approche de nous.

Dieu choisit de venir au monde comme un enfant,  un enfant  pauvre.  Quand  Marie et Joseph arrive au terme de leur voyage, à Bethléem, le temps d’accoucher est arrivé pour Marie.   Pas de place pour eux!  Le village grouille de monde. La salle commune affiche « No Vacancy ».   

Pour que nous n’ayons aucun doute qu’il était venu pour les gens ordinaires comme nous, il n’est pas venu au monde dans un palais ou une ambassade, mais dans une étable, déposé dans une mangeoire d’animaux.  Les premiers à apprendre la Bonne Nouvelle n’ont pas été des rois ou des premiers ministres, mais de pauvres bergers  qui gardaient leur troupeau.  Pour que nous n’ayons aucun doute qu’il était venu pour les pauvres et les exclus, il n’est pas né au cœur d’une grande ville, mais dans un petit village de rien. Pour que nous n’ayons aucun doute qu’il était venu se ranger du côté de ceux qui doivent gagner leur pain à la sueur de leur front, comme nous,  il a passé la plus grande partie de sa vie à travailler comme charpentier. 

Dieu a choisi de venir au monde comme un enfant, un enfant pauvre, un enfant qui grandira en taille et en sagesse.  

Les premiers visiteurs sont des bergers.  Il y a une annonce là-dedans. Un jour, il déclarera  qu’il est le bon berger, celui qui marche à notre tête, qui nous conduit vers de verts pâturages, qui  nous appelle chacun par notre nom,  qui donne  sa vie pour ses brebis.  Ces mêmes bergers  gardaient, jour et nuit,  leurs moutons et les les agneaux qui venaient de naître.  C’est aussi une annonce!   Jésus déclarera qu’il est l’Agneau pascal,  celui que les Juifs immolaient dans le temps de Pâques, celui qui verse son sang pour la multitude, celui que nous prions avant la communion en disant :  « Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, prends pitié de nous. »

Marie et Joseph dépose le nouveau-né dans une mangeoire, dans une auge destinée à recevoir la nourriture pour les animaux.  Le petit vient au monde à Bethléem, ce qui signifie « La maison du pain. » Il y a une annonce là-dedans! Il déclarera un jour qu’il est la vraie nourriture en disant : « Je suis le Pain vivant descendu du ciel qui donne la vie au monde… Celui qui mange de ce pain vivra éternellement ». Aujourd’hui  encore, dans l’eucharistie, c’est  dans le signe d’un peu de pain qu’il se présente à nous.

Le nouveau né arrive au monde pendant la nuit.  Partout, il fait nuit ce soir-là, à Bethléem, à Jérusalem, à Athènes, à Rome, comme si on voulait déjà nous dire que cet enfant est destiné à une vie pas très drôle!  Il fait vraiment nuit parce que, aussitôt né qu’il est recherché par la police d’Hérode.  Ce sera encore la nuit dans les derniers jours de sa vie.

Une bien belle histoire, celle de Noël! Mais, il faut le dire, c’est seulement dans la foi qu’on peut vraiment célébrer la fête.   Par expérience, on sait que l’amour se vit au-delà des apparences,  qu’il implique nécessairement une confiance dans l’autre.  Même chose pour la foi.  Ceux qui, les premiers,  ont raconté Noël ont été les premiers aussi à donner leur foi, leur confiance au Fils de Marie.  Ils n’ont rien caché de leurs difficultés à croire, de leur fragilité humaine, de leurs bêtises et de leurs trahisons, de toutes les chicanes qu’il y avait entre eux.  Parce qu’ils ont été vrais avec eux-mêmes, nous pouvons leur faire confiance à notre tour, et comprendre que célébrer Noël, c’est reconnaître dans l’enfant qui vient de naître, le bon  Dieu qui vient nous visiter aujourd’hui.

Dans cet esprit, je vous souhaite une très belle fête de Noël!